Le cash pooling est-il l'apanage des grands groupes d'entreprises?

Publié le par MAM

 

LE CASH POOLING EST-IL L’APANAGE DES GRANDS GROUPES ?

  

INTRODUCTION

 

 

Vivre ou survivre est devenu de plus en plus problématique pour les entreprises et groupes d’entreprises qui se livrent une bataille sans merci sur le champ de la mondialisation. L’heure est à la recherche de la rentabilité et de plus de performance pour assurer sa compétitivité sur un marché dont le slogan est « manger ou être mangé ».

Cette recherche de performance se traduit quelques fois par une refonte des systèmes ou plus simplement  par une optimisation de la gestion des différentes fonctions de l’entreprise. La fonction financière et précisément la trésorerie n’y échappe pas. On parle alors de la notion de Cash management qui se définit comme le mode de gestion de la trésorerie d’une entité. Il existe principalement trois grandes techniques de cash management : le clearing, le netting, et le cash pooling trop souvent associé aux grands groupes.

Nous porterons notre attention sur le cash pooling en cherchant à savoir s’il est uniquement à la portée des grands groupes ;

En clair est-il possible pour une PME d’opter pour ce type de gestion de trésorerie ?

Notre réflexion sera menée en deux points essentiels

Le cash pooling : définition et conditions de mise en œuvre

L’opportunité pour une PME d’opter pour le cash pooling

 

 

1ère PARTIE : LE CASH POOLING DEFINITION ET CONDITIONS DE MISE EN  


                       ŒUVRE

 

Dans cette partie, nous développerons la technique du cash pooling et mettrons en exergue les modalités de sa mise en œuvre y compris celles considérées comme éliminatoires ou tout au moins contraignantes pour les PME.

 

 

1-1/ DEFINITION

 

Le cash pooling se définit comme une méthode de gestion centralisée sur un point unique de l’ensemble des comptes bancaires des sociétés d’un groupe (mère et filiales). Son but est d’optimiser les besoins et les excédents de trésorerie.

Il peut être domestique c’est-à-dire national, ou international, et recouvre deux techniques différentes :

-         la méthode du zéro balancing ou le nivellement qui implique un transfert physique des fonds entre d’une part les comptes des filiales et d’autre part le compte centralisateur (généralement le compte de la mère)et qui génère une opération de prêt emprunt ;

-         et la méthode du cash pooling notionnel qui n’entraîne aucun flux réel de trésorerie entre les comptes des filiales et le compte centralisateur. Dans ce cas les intérêts

      bancaires sont calculés sur la base du solde des comptes fusionnés du groupe. Ensuite,       

 

une répartition se fait entre les différentes filiales du groupe et la société mère.

 

Notons que la mise en œuvre du cash pooling implique un certain nombre de contraintes qui font croire qu’elle est réservée aux groupes de grande taille

 

 

1-2/ LES MODALITES DE MISE EN ŒUVRE DU CASH POOLING

 

Nous distinguerons les conditions administratives et les conditions techniques

 

1-2-1/ Les conditions administratives

 

Le cash pooling de par sa définition s’applique d’office aux groupes c’est-à-dire aux entreprises ayant des filiales. Mais en plus, sa mise en œuvre exige la définition d’un périmètre de consolidation qui regroupera l’ensemble des entités dont on désire consolider les comptes bancaires. 

De plus, il existe un impératif légal qui impose l’établissement d’une convention de trésorerie entre les différentes entités concernées.

Cette convention qui est l’élément essentiel du cash pooling, doit être signée par les filiales et la société mère. Elle définit les modalités de consolidation et notamment la répartition des intérêts entre les entreprises ; les objectifs et principes de gestion de la trésorerie centralisée y sont également énoncés, elle précisera par exemple si les opérations de centralisation se font par zone monétaire ou zone géographique.

 Il est important de préciser que l’établissement de la convention tient compte des différentes dispositions légales (droit de société, fiscalité, et droit bancaire) afférentes aux Etats dans lesquels se situent les filiales prises en compte dans le périmètre de consolidation.

 

Par ailleurs, le cash pooling impose également l’ouverture de comptes courants de groupe au nom de chaque filiale dans les livres comptables de la centrale de trésorerie.

 

Toutes ces conditions énumérées qui représentent le minimum des pré requis ne semblent pas être accessibles pour tout type d’entreprise. Ainsi, même si elles paraissent facilement réalisables pour les grands groupes, celles-ci semblent au contraire éloigner les PME de la gestion centralisée par le cash pooling. 

 

Mais plus que ces conditions que nous venons d’énumérer, les contraintes techniques de mise en œuvre du cash pooling peuvent constituer un frein pour l’accès des PME à ce type de gestion.

 

 

1-2-2/ Les contraintes techniques

 

Pour la mise en place du cash pooling, une véritable étude doit être faite. Elle a pour objet de garantir le bon suivi et la réussite du système. Cette étude doit être menée à deux niveaux : au niveau organisationnel et pour la sécurisation du système.

 

Au niveau organisationnel, l’étude préalable doit permettre

-         d’identifier et de mesurer l’ensemble des risques auxquels le groupe est confronté

-         d’établir une cartographie des flux trésorerie actuels intégrant la nouvelle organisation

 

      du groupe

-         de répertorier des banques et les conditions qu’elles octroient, et de faire une sélection

-         de déterminer et choisir la technologie adéquate à mettre en œuvre

-         de faire des choix stratégiques quant à la détermination du degré d’autonomie à accorder aux filiales, au maintien d’une ou plusieurs relations bancaires, à la gestion des risques financiers de liquidité, de change, de contrepartie, et de taux

-         de déterminer également la pertinence de l’utilisation de telle ou telle autre banque en fonction de la spécificité des services et métiers développés

-         la formation du personnel

 

Au niveau de la sécurisation, le cash pooling exige certaines diligences. Ce sont :

-         la mise en place de mesures de sécurisation du stockage des données

-         la mise sur pied d’un système de sécurisation des protocoles de communication

Il existe aussi des procédures de contrôle à posteriori à respecter quant à

-         la vérification du respect des procédures de trésorerie

-         le contrôle du respect des engagements donnés et pris entre entités du groupe

 

Toutes ces mesures et conditions non exhaustives évoquées ont pour but principal d’assurer et de garantir une bonne organisation et la rapidité de la collecte des informations et leur transfert au sein du groupe et toute mise en place de cash pooling nécessite le respect de ses exigences minimum ci-dessus abordées.

 

Pour autant, il ressort que l’élaboration du système de cash pooling tel que décrit fait ressortir :

-          la lourdeur du système. En effet, sa mise en œuvre demande une refonte partielle ou totale de tout le système de fonctionnement de la trésorerie du groupe et implique une réorganisation à plusieurs niveaux ; ce que les PME redoutent.

-         Un coût très élevé en temps et en ressources financières eu égard aux frais liés à la formation du personnel, à l’acquisition de nouveaux matériels informatiques, à la réorganisation des systèmes des différentes entités intégrées ;

-         Une complexité générale de mise en œuvre : la prise de contact avec les banques et le choix des banques, les négociations, l’analyse de la faisabilité du projet…

 

Toutes ces contraintes qu’impose la mise en place d’un système de cash pooling font qu’il paraît plutôt adapté aux grands groupes qui disposent d’un grand nombre de filiales et d’une forte présence internationale et pour qui les avantages sont incontestables. 

 

Ceux-ci ont en effet beaucoup plus que les PME, un réel besoin de recentrer la gestion de leur trésorerie éparpillée à l’international en un point donné pour une gestion plus optimale et pour faire l’économie de coûts d’opportunité liés au mauvais réemploi de la trésorerie.

 

De plus, du fait de leur notoriété et leur influence considérables, les groupes bénéficient de traitements privilégiés auprès des banques ; ce qui leur permet de négocier des conditions très avantageuses et même de mettre en place « un système taillé à leur mesure ».

 

Cependant, les banques prenant conscience de l’importance relativement grande des PME sur le marché et du besoin qu’elles éprouvent de centraliser leur trésorerie pour une meilleure gestion, conçoivent de plus en plus de systèmes adaptés aux PME.

 

 

 

2ième PARTIE : L’OPPORTUNITE POUR UNE PME D’OPTER POUR LE CASH


                         POOLING

 

 

Dans cette seconde partie, nous décrirons les PME et leur organisation d’une façon générale avant d’aborder le mode de centralisation qu’elles peuvent choisir.

 

 

2-1/ LES PME : DEFINITION ET CARACTERISTIQUES GENERALES 

 

Avant de mettre en exergue le mode de fonctionnement général des PME, nous les définirons en insistant sur la définition économique.

 

2-1-1/ Définition

 

Une nouvelle définition des PME existe depuis les recommandations de la Commission européenne du 6 mai 2003. Ainsi les seuils de détermination de PME ont été revus et sont fonction de trois critères : l’effectif, le chiffres d’affaires et le total bilan. Ci-dessous le tableau récapitulatif  

Catégorie d'entreprise

Effectif

Chiffre d'affaires

ou

Total de bilan

moyenne

< 250

≤ € 50 millions

≤ € 43 millions

petite

< 50

≤ € 10 millions

≤ € 10 millions

micro

< 10

≤ € 2 millions

≤ € 2 millions

           

 

 

 

 








2-1-2/ Caractéristiques générales des PME

 

Les PME ont des caractéristiques qui leur sont particulières et qui à juste titre les distinguent fondamentalement des grandes entreprises et groupes d’entreprises. Ces caractéristiques sont :

-         un faible degré de spécialisation

-         une stratégie intuitive ou peu formalisée

-         pratiquement pas de niveaux hiérarchiques

-         une forte centralisation et une personnalisation de la gestion autour du dirigeant propriétaire

-         un grand attachement au pays d’origine

-         une très faible internationalisation

-         un système d’informations externe simplifié et un système d’informations interne peu complexe ou peu organisé

-         un accès au financement pas très aisé (les banques demandent quelques fois que le dirigeant propriétaire se porte caution pour l’entreprise)

-         peu ou pas de filiales ; elles évoluent beaucoup plus en réseaux qu’en filiales

 

A l’analyse de ces principales caractéristiques des PME, l’on comprend bien que le

 

système de cash pooling soit premièrement et en grande partie adressé aux grands groupes d’entreprises.

 

Cependant les PME peuvent opter pour ce système de cash pooling.

 

2-2/ OPTION DES PME POUR LE CASH POOLING

 

Opter pour le cash pooling est possible pour les petites et moyennes entreprises à condition de remplir certaines conditions.

 

2-2-1/ Conditions de mise en œuvre propres aux PME

 

Outre les conditions énumérées dans la première partie que nous qualifions de conditions générales de mise en place d’un système de cash pooling, il existe des conditions particulières à respecter pour les PME.

Ainsi avoir des filiales et constituer un groupe n’est pas suffisant à une PME pour mettre en place un système de cash pooling.

Il faudra premièrement éviter l’effet de mode et étudier de façon objective la faisabilité du projet.

Celle-ci se fera par l’analyse la rentabilité qui en ressort et qui sera fonction du rapport entre les coûts réels qui seront engagés pour la mise en place et les gains que va produire ce système. Notons que cela dépend aussi des perspectives de croissance de l’entreprise et de la capacité de négociation vis-à-vis des banquiers.

 

Cette phase d’analyse met en exergue toute la délicatesse de l’utilisation du cash pooling pour les PME car en effet les avantages ne sont pas si évidents pour les PME que pour les groupes de grande taille.

Il faudrait également une corrélation entre le mode de fonctionnement, la culture d’entreprise et le système employé. Ainsi, une PME qui a une gestion financière fortement centralisée avec très peu d’autonomie aux filiales aurait moins intérêt à opter pour le cash pooling qu’une entreprise avec des filiales éparpillées sur un grand rayon et avec une forte autonomie.

 

Le véritable enjeu pour les PME réside dans le choix des techniques ; celles-ci ne doivent pas être surdimensionnées et correspondre aux besoins réels de la PME.

A cet effet  l’AFTE déclare que : 

« Dans l’immense majorité des cas, il suffira de remonter chaque jour au centre de décision le relevé de compte des filiales ou établissements situés hors de France par télétransmission ou web et l’entreprise prendra l’initiative d’effectuer des virements de trésorerie lorsque la position des comptes locaux le justifiera » 

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